V Conclusion de notre étude


Que vous connaissiez la station, ou que vous soyez des visiteurs occasionnels, une question n'a jamais véritablement été soulevée au grand public et qui pourtant pourrait intéresser un grand nombre de personnes. En effet, l'Aigoual est la dernière station de montagne habitée en France, perchée à plus de 1500 mètres d'altitude, à la frontière entre le Gard et la Lozère. Ce fait soulève une question majeure : Comment se fait-il que toute les autres stations d'altitudes en France aient fermé? De quelle façon l'Aigoual a-t-il pu résister à cette hécatombe?
Voilà à quoi notre étude doit répondre, et c'est à travers cette conclusion que nous allons tenter de la synthétiser en une réponse claire.

Pour comprendre comment l'Aigoual a pu résister cette hécatombe, il faut d'abord comprendre ce qui a causé ces fermetures, et ce qui a donc été et reste encore un risque pour l'Aigoual.
Le facteur majeur expliquant la fermeture brutale de toutes les stations météo de montagne en France, est tout simplement le progrès technique. Si l'on prend par exemple un centre d'observation météorologique important  comme celui de Toulouse, les appareils de mesures et d'observations autrefois manuels, ont été remplacés par des capteurs automatiques, un satellite géostationnaire, des carte du ciel modélisées par des ordinateurs, etc... Cette utilisation des nouvelles technologies est moins coûteuse pour Météo France (moins de salaires à verser, simple entretient des bâtiments et pas d'habitations, etc...), ce qui donne à cet organisme l'occasion de diminuer ses dépenses et donc de supprimer de nombreux postes. Voilà pourquoi on parle de fermeture de ces stations, car il existe toujours un lieu d'observation, mais simplement occupé par des outils, reliés à des bureaux. La présence humaine sur le lieu même de l'observation est donc inexistante. Les stations d'altitudes sont d'ailleurs encore plus touchées que les autres par ce phénomène, car elles sont beaucoup plus coûteuses à cause de la dégradation des bâtiments causé par la rudesse de climat.

Pourtant malgré ce fait là, l'Aigoual est resté sur pied jusqu'à aujourd'hui. Vient s'ajouter la question principale : de quelle façon l'Aigoual a résisté à tout cela?

Les occupants de l'Aigoual ont très rapidement compris ce qui les menaçait. Voilà pourquoi ils ont tenté au fil du temps d'exploiter un maximum toutes les chances qu'ils avaient de leur côté pour sauver l'Aigoual. Tout d'abord, il y a eu un soutient par la force, avec Christian Proust  est resté seul pendant 18 mois là haut. Ensuite, l'arrivée de Jean Boulet et le renouvellement d'une équipe au sommet va faire évoluer véritablement les choses. La création d'une exposition gratuite pour tenter d'exploiter le tourisme et la création d'un centre d'essais pour valoriser les conditions climatiques de l'Aigoual afin d'attirer différents organismes pour tester leurs matériels sont deux initiatives majeures qui ont été prises au cours des années 80 et 90. Le but étant de rendre l'observatoire "rentable" pour Météo France en faisant de l'Aigoual une véritable vitrine de la météo, et donc au final de sauver la station. Ce processus a donc véritablement bien fonctionné et est à l'origine de cette résistance de la station. Les touristes s'y massent, ce qui donne l'idée de créer une boutique afin de valoriser économiquement le site, rajoutant également un argument supplémentaire pour sauvegarder l'Aigoual . Ce processus de valorisation a été long, mais réalisé de façon intelligente par tous ceux qui y ont participé. Parfois la mobilisation humaine ne suffit pas à protéger un lieu, mais quand les bonnes idées sont réfléchies, et appliquées réellement, cela fonctionne à merveille.

L'Aigoual a donc résisté à une volonté de réduire les effectifs des fonctionnaires grâce à ces hommes et à ces femmes qui ont réfléchit et agit dans le seul objectif de sauver l'Aigoual. Car, selon les personnes que nous avons interrogées, et selon bien d'autres encore, "l'Aigoual fait partis de la vie de tous les Cévenols". Cette station est comme nous dit Francis Cavalier-Benezet, "le phare des Cévennes, car il représente un véritablement un changement de culture dans les Cévennes, (on passe des troupeaux de moutons à l
a forêt) et surtout la fin de l'érosion et des inondations dévastatrices". De par son histoire et pour tous ces gens qui se sont battus pour que le personnel ne soit pas remplacé par des instruments, l'Aigoual ne pouvait pas fermer. Voilà ce qui a motivé le personnel à résister. De part cette bataille, l'Aigoual est sortis plus fort, il est aujourd'hui encore en pleine activité et le personnel actuel n'est pas près de ménager ses efforts pour continuer dans cette voie, car c'est un combat de tous les jours.

Cependant, nous voudrions outre passer notre problématique de départ pour introduire un fait majeur que nous avons pu constater dans cette région à travers l'étude que nous avons menée. L'état de la station aujourd'hui et la récente perte d'un poste de technicien météo, laisse planer une certaine inquiétude sur le sort de l'Aigoual.
En effet, comme nous avons pu le démontrer dans nos pages précédentes, l'exposition de la station météo connaît depuis 2005 une forte baisse de sa fréquentation (d'environ 23%). Nous avons pu voir que cette baisse été due principalement à un vieillissement des éléments d'exposition présentés, mais également à un manque d'investissement humain et économique, de la part des autorités locales et des institutions chargées de gérer et d'informer les touristes. Même si globalement, tous les sites touristiques de la région (dans l'arrière pays) observent une baisse de leur fréquentation, probablement induite par un budget plus réduit pour les vacances des familles (selon Delphine Bourrié)
, la principale raison est véritablement ce manque d'investissement en général qui pourrait permettre pourtant de mieux connaître les touristes venant dans la région, et donc pour mieux répondre à leurs attentes et leurs envies.
Le site de l'Aigoual, et plus globalement la région des Cévennes toute entière, est un espace qui a été dynamisés dans les années 80, avec beaucoup d'initiatives prises pour attirer le tourisme et le satisfaire au mieux toute l'année, ce qui bien entendu dynamise fortement la région (notamment avec la création d'emplois).
Mais depuis les années 2000, on peut constater que cet effort s'est effacé, qu'il n'y a plus de renouvellement des activités, ce qui handicap lourdement la région puisque le tourisme est l'un de ses secteurs d'activités clés. En effet selon l'INSEE, le taux de chômage de la commune de Valleraugue aurait augmenté de 8% environ en seulement 8 ans (de 1999 à 2007). De plus, même si la population active augmente, on peut constater que dans le Gard, 62% des salariés de ce département travaillent hors de leur commune de résidence, soit 94 000 salariés. Parmi ces 94 000 salariés, 37 000 vont travailler dans l'aire urbaine de Nîmes . Les communes les plus enclavées sont les plus touchées par ce phénomène. On ne peut parler de véritable exode rural, car les actifs y habitent toujours, mais les déplacements pour travailler sont quasi systématiques ce que dévitalise énormément la région.
On peut donc conclure sur un fait majeur, qui est que la commune de Valleraugue (et plus globalement toute la région Cévenole) est ce que l'on pourrait appeler un "espace dortoir". C'est à dire un espace qui est encore habité, mais qui chaque jour est déserté par la plupart de la population pour aller travailler dans les aires urbaines les plus proches comme par exemple celle de Nîmes ou de Montpellier.




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