II Qu'est-ce qui explique les risques de fermeture du site?



Au XIXème siècle, l'Aigoual est l'un des massifs les plus dénudés, principalement à cause de l'exploitation de la forêt pour le bois ainsi que pour les pâturages destinés aux troupeaux. Les vallées au pied du massif connaissent de nombreuses crues dévastatrices tout au long de cette période ce qui entraîne à partir de 1860, de nombreux projets de reboisement, notamment de la part de la Commission du Gard en 1863.

Cependant ces projets ne sont pas appliqués, la situation de l'Aigoual se dégrade, et la création d'un massif protecteur sur l'Aigoual reste une simple idée qui semble difficile à réaliser.
Ce n'est que plus tard, avec Georges Fabre que le reboisement des pentes de l'Aigoual, semble devenir possible, avec le projet de construction d'une station expérimentale de météorologie forestière proposé par ce dernier en 1882.
Après de nombreuses modifications, le projet est finalement adopté, et les travaux commencent en 1887. La station est construite au départ pour des prévisions météorologiques locales (peu fiables car avec peu de moyens) et surtout pour la surveillance d'un nouveau risque lié au reboisement, c'est à dire celui des incendies.
Cette station connaît ses plus belles années de la fin de sa construction (en 1894 sous la direction de l'administration de forêts, puis sous celle de la Météorologie Nationale qui prend le relais en 1943) jusqu'aux années 40. En effet, à partir de cette époque, et de façon plus marquée à partir des années 60, les stations de montagnes deviennent presque sans intérêts pour la Météorologie Nationale, qui les ferme petit à petit.


I - Le premier risque de fermeture que connaît l'Aigoual est lié comme pour toutes les autres stations d'altitude, à la concurrence des stations automatiques. En effet, avec l'amélioration des appareils de mesures ou d'observations et l'informatisation, l'intervention humaine, est moins sollicitée. Ces stations étant habitées, la direction Météorologique décide de les fermer une à une, ce qui devient beaucoup moins coûteux pour elle. Après la fermeture de la station du Mont Ventoux en 1968, celle du Pic du Midi en 1985, et bien d'autres encore partout en France, l'Aigoual n'est pas épargné par cette hécatombe, elle est désertée. Seul
Christian Proust parvient à maintenir en vie la station en y restant seul, coupé du monde, pendant près de 18 mois, de 1972 à 1974.

II -
Mais ces 18 mois passés seul à l'Aigoual n'ont pas été sans conséquences pour les bâtiments. En effet, le massif connaît des conditions climatiques exceptionnelles, qui causent systématiquement de lourds dégâts. Selon Francis Cavalier-Benezet, ancien conseiller général du Gard, "[Christian Proust] était un très bon météorologue, mais pas un très bon bricoleur". N'étant pas réparé au fur et à mesure, le bâtiment s'est vite dégradé par manque d'entretien. Monsieur Cavalier-Benezet ajoute même en souriant "quand il pleuvait à un endroit il passait à un autre, ce qui fait qu'il pleuvait partout dans l'observatoire et qu'il n'y avait pas de chauffage". L'état du bâtiment était donc si mauvais, qu'il fût question encore une fois de le fermer, ce qui causait un nouveau problème. En effet, l'observatoire se situe dans le Parc National des Cévennes, et la fermeture du site, nous dit Guy Verdier (chef d'antenne du Parc) "[...] posait le problème du devenir de la partie qui ne serait plus utilisée (utilisation, entretien…)" et "le PNC devait être associé à une réflexion sur le devenir de ce bâtiment." L'état déplorable de l'observatoire, le renvoyait à une fermeture certaine.

III - Pour des raisons que nous développerons dans notre page suivante, l'observatoire fût tout de même sauvé. Mais depuis peu, il plane encore sur l'Aigoual ce risque de fermeture à long terme.
En effet c'est 3700 personnes qui sont réparties sur tout le territoire dans chaque département, des centres régionaux, une Direction générale incluant le PDG à Paris ainsi qu'une direction de la commercialisation et de la communication et un très gros centre à Toulouse avec la recherche, l'école (ENM), la direction de la prévision et le supercalculateur.
Le EPA Météo France de l'Aigoual est rattaché au ministère des Transports et du Développement Durable, celui de Mr Borloo. La politique actuelle impose de diminuer les effectifs des fonctionnaires dans tous les corps de l'Etat, car le personnel à l'Aigoual de Météo France,a un statut de fonctionnaire. La démarche stratégique actuelle est d'arriver à la suppression de 500 postes en 2011 puis à 1000 postes en 2016. Cela passe par la fermeture des centres départementaux, environ 40 et finalement le centre de l'Aigoual, n'est pas touché directement alors qu'autour les autres ferment : Mende (Lozère), Millau (Aveyron), Aubenas (Ardèche), Carcassonne (Aude), etc. L'Aigoual a de la chance d'avoir un  PDG qui aime l'Aigoual, son site, qui a apprécié l'accueil ainsi que les travaux réalisés mais aussi l'énergie et le dynamisme des gens en poste. Il maintient donc "en vie" l'exposition principalement en souhaitant en faire une vitrine pour Météo France au coeur des Cévennes et d'une région touristique. 
Mais malgrè ça, en janvier 2009, l'Aigoual a tout de même perdu un poste de technicien météo (avec le départ à la retraite le 20 janvier de Christian Pratlong remplacé par Didier Lacoste déjà en poste à l'Aigoual). De plus, l'Aigoual est susceptible dans quelques temps de perdre à nouveau un autre poste. En effet, un ouvrier d'état est en mesure depuis janvier 2009 de prendre se retraite et ne sera sûrement pas remplacé. Cependant, nous dit Chantal Vimpère "c
e qui est sûr c'est que les visiteurs aiment un lieu vivant, avec des gens qui l'habitent et qui en parlent tout en parlant de la météorologie, du climat et de l'histoire de l'Aigoual".


 

L'Aigoual est donc depuis sa création mis face à une multitude de risques qui pourraient entraîner sa fermeture, brutale, ou (ce qui est le cas aujourd'hui) progressive. Ces risques ne sont que les résultats d'un désintérêt pour les stations d'altitudes (par rapport aux stations automatiques) mais également des restrictions budgétaires de la part de la Météorologie Nationale.
Cependant, face à tous ces risques, l'Aigoual est aujourd'hui toujours l'emblème des Cévennes, grâce à une mobilisation immortelle qui permet sa sauvegarde.


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